Samedi d'été en automne
Les semaines passent vite. J'essaie de revenir ici plus régulièrement mais c'est difficile. Tout d'abord parce que je passe des phases de haut et de très bas, liées à n'en pas douter à l'état de celui qui a partagé ma vie pendant longtemps. Les choses ne sont pas simples dans la gestion des différents points qui faisaient notre couple. Il faut séparer ce qui doit l'être, trouver une solution pour le gîte. Rien n'est facile. C'est peut-être du côté des enfants, que l'avenir est pour l'instant dégagé, ils vivent bien, nous nous organisons, nous remettons des repères et nous avançons de concert.
Un jour, l'une d'entre vous m'a demandé comment je conciliais ma décision avec mes croyances religieuses. Je répondrais plus globalement. La semaine dernière, il y avait un évènement d'automne dans mon village, et celui qui est venu inaugurer le gîte était là, mon père lui a annoncé ma séparation (j'ai encore du mal avec le mot divorce), je ne sais pas exactement quels termes il a employé mais il a été question de préserver le gîte et les enfants. Je me suis littéralement effondrée en entendant ce récit, c'était stupide, on me reproche souvent de lire dans les paroles des autres des choses qu'ils n'ont pas voulu forcément y mettre. Peut-être. Mais, quand je pense à mon mariage, à la cérémonie, à nos 10 ans de mariage avec nos amis autour de nous, à l'inauguration, tout cela me sidère de tristesse et de "honte". Ces moments sont des témoins de mon échec, du fait de n'avoir pas su faire perdurer cet engagement. Je me moque du quand dira-t-on, mais je porte ce sentiment d'élan brisé. Je crois vraiment quand je réfléchis que le gîte a été notre troisème enfant, celui que l'on fait quand le couple va mal et qu'il se soigne à travers un enfant. Par l'acharnement qu'on y a mis, il nous a donné un sursis, il ne nous aura pas emporté, au contraire, il nous aura fait vivre plus longtemps ensemble, parce qu'il cachait ce qui nous manquait, une vie de couple. Et pourtant, aujourd'hui, il est ma raison de faire des efforts, de concilier, de tenir le cap. Il est vraiment quelque chose d'important pour moi, de vital même, j'ai senti que je pouvais flancher si je le perdais.
Et puis, c'est effrayant de se réveiller dans le rôle de celle qui brise tout. Qui prend la décision définitive d'en finir avec une vie qui n'avait plus de sens. On a beau être soutenue, portée par l'entourage, il y a toujours cette réalité. Celle d'être la coupable du massacre. Il faudra du temps pour l'accepter et le dépasser.