Courir après le temps
Hier soir, si j'étais venue écrire, je n'aurai fait glisser sur le papier que de la noirceur, de l'aigreur, à l'idée, d'une journée sans mes enfants, cette sensation de solitude qui m'étreint parfois sans pouvoir me laisser. Et aujourd'hui, cela va mieux, les enfants sont rentrés, j'ai été gâtée et entourée, j'ai passé la journée à ranger la chambre de la Miss et je suis légère.
En fait, le plus bizarre dans un accident matrimonial, est de penser que d'un coup, les problèmes n'existent plus. C'est une erreur énorme. Certains oui, matériels notamment quand ce n'était pas de soi que vient le souci. Mais d'autres ressurgissent plus forts encore, plus violents. Et on s'apercoit que le rôle de "tampon" que l'on a joué n'est plus possible, la stratégie d'endiguement n'a plus de prise, puisque de fait, on n'a plus de prise sur la personne. Et c'est parfois, très déstabilisant, voire inquiétant. Parce qu'avec les enfants, on sait que c'est pour la vie, même si on n'est plus marié, demeurent les relations autour des enfants et c'est alors compliqué. Tout est de face, frontal, il faut négocier, il faut comprendre, il faut endiguer mais sans moyen de pression.
Et certains soirs, je m'endors en me disant que c'est une montagne à affronter.